Selon toute probabilité, le taux du Livret A, gelé à 0,75% depuis le 1er août 2015, devrait être ramené, le 1er février prochain, à 0,50%, son plancher réglementaire. Quel manque à gagner cela représentera-t-il pour vous, par rapport au rendement actuel ? Nous avons testé plusieurs scénarios, selon l’usage que vous faites de votre Livret A.

Le rendez-vous est pris pour mercredi prochain 15 janvier à 8h45 : l’Insee (1) dévoilera les résultats définitifs de l’indice des prix à la consommation (IPC) pour le mois de décembre 2019. Traditionnellement, c’est le signal attendu par la Banque de France pour publier une recommandation sur l’évolution du taux du Livret A, dont l’inflation hors tabac est un des indices de référence.

Cette semaine, cette annonce va toutefois prendre un relief particulier. Voilà 4 ans et demi, en effet, que ce taux n’a plus bougé, « gelé » sur décision de l’exécutif. Entretemps, le gouvernement a fait voter une réforme de cette formule de calcul et annoncé sa première application au 1er février 2020. Il a également promis de « dépolitiser » le sujet en faisant appliquer cette formule indépendamment du contexte socio-économique.

Résultat : sauf retournement de dernière minute, le taux du Livret A devrait baisser à 0,50%, contre 0,75% actuellement, dès le 1er février prochain. Le niveau des taux interbancaires - l’autre indice de référence retenu pour le calcul - ne laisse en effet aucun suspense. A 0,50%, le Livret A touchera ainsi un nouveau plus bas historique, et même un plancher : dans la formule de calcul réformée, il ne peut en effet pas aller plus bas.

Symboliquement, il s’agira d’un nouveau coup dur pour des épargnants, qui subissent aussi actuellement de fortes baisses de rendement sur la plupart des fonds euros des contrats d’assurance vie. Mais concrètement, combien risquez-vous de perdre ? Nous avons comparé le manque à gagner attendu en 2020 pour différents niveaux de solde, en partant sur l’hypothèse suivante : un rendement de 0,75% sur un mois, en janvier, puis une baisse à 0,50% à compter du 1er février et d’un maintien de ce niveau sur 11 mois, jusqu’à la fin 2020.
Livret A moyen : 11 euros d’intérêts en moins

4 800 euros : c’était, fin 2018, le solde moyen d’un Livret A, selon les derniers chiffres publiés par l’Observatoire de l’épargne réglementée de la Banque de France. A cette date, 82% des Français détenaient un Livret A, soit un total de 55 millions de comptes. Le montant total placé sur le produit dépassait 263 milliards d’euros.

En 2019, ce livret moyen a ainsi rapporté à son titulaire 36 euros d’intérêts, nets de prélèvements fiscaux et sociaux. Avec une baisse du taux à 0,50% à partir du 1er février, il rapporterait 25 euros en 2020, soit une perte de 11 euros.
Le Livret A comme quasi-compte courant : 35 centimes en moins

Cet encours de 4 800 euros est toutefois loin de concerner tous les Livrets A. Fin 2018, 40% d’entre eux, soit 22 millions, affichaient un encours inférieur à 150 euros, et 59% inférieur à 1 500 euros. Il s’agit pour une part de comptes dormants, inutilisés ou oubliés. Leur nombre, toutefois, a été largement réduit depuis l’entrée en vigueur de la loi Eckert sur les comptes bancaires inactifs.

Mais l’essentiel de ces « petits » Livrets A sont en fait des quasi-comptes courants, utilisés par leurs titulaires, souvent des exclus du paysage bancaire, pour régler leurs dépenses du quotidien. C’est en particulier le cas à La Banque Postale qui, en vertu de la mission d’accessibilité bancaire confiée par l’Etat, permet d’utiliser son Livret A pour domicilier des prélèvements ou de le débiter à l’aide de chèques de banque.

Pour ces usagers dont la thésaurisation n’est pas l’objectif premier, l’impact d’une éventuelle baisse du taux du Livret A sera très limité. Un Livret A affichant un solde de 150 euros tout au long de l’année 2019 aurait ainsi rapporté 1,12 euro d’intérêts nets. En 2020, dans le scénario retenu, ce même Livret A rapporterait 0,77 euro, soit 35 centimes d’euros en moins. Un manque à gagner négligeable, même pour des titulaires souvent en grandes difficultés financières.

Le Livret A pour l’épargne de précaution : 15 euros en moins

Pour une autre catégorie d’usagers, le Livret A est le support privilégié d’une épargne de précaution, une réserve d’argent disponible en cas de dépenses urgentes ou de coup de dur. Les spécialistes de la gestion budgétaire conseillent ainsi en général de placer l’équivalent de 3 mois de salaire sur un livret bancaire : au-delà, mieux vaut diversifier ses placements vers des supports un peu moins disponibles mais un peu plus rémunérateurs, notamment vers l’assurance vie.

Quel sera votre manque à gagner si vous faites partie de cette catégorie de titulaires ? Tout dépend évidemment de vos revenus. Selon l’Insee, le salarié moyen dans le privé gagnait 2 238 euros nets par mois en 2016. En bon gestionnaire, il lui faut donc mettre de côté environ 6 700 euros sur son Livret A pour parer les coups durs. En 2019, un Livret A affichant en permanence un tel solde a rapporté 50,25 euros d’intérêts nets. En 2020, ce montant pourrait passer, dans notre scénario, à 34,90 euros, soit une baisse de 15,35 euros.
Le Livret A comme placement : 53 euros en moins

Certains titulaires, enfin, utilisent le Livret A comme un placement à part entière. Il s’agit en général d’épargnants aisés, qui possèdent d’autres produits d’épargne, mais veulent profiter à plein des avantages du Livret A : capital garanti, disponibilité immédiate, exonérations de taxes.

En 2018, 20% des Livrets A concentraient ainsi 80% des encours. Parmi eux, 6% dépassaient même, grâce aux intérêts capitalisés au fil des années, le plafond réglementaire de versement de 22 950 euros. Quel serait l’impact d’une baisse de taux pour ces livrets au plafond ? En 2019, un compte affichant en permanence un solde de 22 950 euros a rapporté 172,12 euros d’intérêts nets. En 2020, ce montant passerait, en cas de baisse à 0,50%, à 119,52 euros, soit une baisse de 52,6 euros. Si, comme c’est le cas dans certaines familles, votre conjoint et vos enfants détiennent également un Livret A au plafond, le manque à gagner pourra donc atteindre plusieurs centaines d’euros.
Le LDDS, le LEP et le CEL entraînés dans la chute ?

Pour les ménages possédant d’importantes liquidités, l’impact sera d’autant plus important que le taux du Livret A, s’il venait à diminuer le 1er février prochain, entraînerait dans sa chute d’autres produits d’épargne réglementée auxquels ils peuvent avoir aussi recours. Notamment le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), dont la rémunération est alignée sur lui et passerait donc également à 0,50%.

Le taux du Livret d’épargne populaire (LEP), 1,25% actuellement, est lui aussi indexé sur le Livret A, égal au taux de ce dernier augmenté d’un demi-point. Il pourrait donc baisser à 1%. Toutefois, à l’occasion de la réforme du taux du Livret A, l’exécutif lui a ajouté un nouveau plancher : le taux d’inflation annuel hors tabac, sous lequel le taux du LEP ne peut plus descendre. En décembre 2019, l’Insee a publié un chiffre provisoire à 1,4%. Si cette prévision se confirmait, la baisse du LEP pourrait donc être freinée.

Le taux du Compte Epargne Logement (CEL), 0,50% actuellement, est lui égal au 2/3 du taux de Livret A, arrondi au 1/4 point le plus proche. Il devrait donc baisser d’un quart de point, à 0,25%. Pas celui du Plan Epargne Logement, 1% actuellement, en revanche, puisqu’il est indépendant du Livret A.

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Source : www-moneyvox-fr
14-01-2020